Témoignages à cœur ouvert des bénévoles de l’association la Graille à Lyon…

Avez-vous entendu parler de La Graille à Lyon ? Un mouvement « antigaspi et solidaire » né pendant le premier confinement, qui s’appuie sur des bénévoles uniquement.

Le principe : les bénévoles récupèrent des invendus, les cuisinent tous ensemble, mettent les confections dans des bocaux, et livrent les bocaux à des personnes qui en ont besoin (à vélo bien sûr). 

La Graille n’est pas un mouvement comme les autres : ici pas de distinction entre bénéficiaires et bénévoles, pas de processus de recrutement, on s’inscrit, on vient, on cuisine tous ensemble, on repart avec un bocal, on aide comme on veut, et voilà 🙂

La Communication se fait par du bouche à oreille et par Facebook, les fondateurs sont très discrets…

Patrick est allé à la rencontre de quelques participants un mercredi après-midi, pour savoir ce qui les attirait. (Les prénoms ont été changés).

Le témoignage de Marie, bénévole

J’ai 40 ans. J’ai du temps libre en ce moment. Et j’aime beaucoup cuisiner.

J’ai découvert La Graille par Facebook. Je peux y venir quand je veux. C’est à la carte. Il y a des semaines où je ne peux pas venir et d’autres où je suis libre pour y venir toute la semaine. J’aime bien ce côté très libre. Je ne voulais pas que cela devienne une obligation.

J’aime bien aussi le principe. Les bénéficiaires sont aussi invités à participer aux cuisines partagées. D’ailleurs même si je sais qui est bénéficiaire et qui est bénévole, à la fin d’un atelier nous sommes en fait tous bénéficiaires car nous ramenons chez nous le résultat de notre cuisine. 

“A la fin d’un atelier nous sommes en fait tous bénéficiaires…”

Le témoignage de Benoît, bénévole à l’association La Graille

“Ce que j’aime à la Graille, c’est de sentir qu’on est traités sur le même pied d’égalité. On est sur une ligne horizontale.”

J’ai découvert la Graille car les membres venaient faire des maraudes dans un squat à Sans-Souci. Je me suis donc interrogé pour savoir d’où venaient ces repas. Ils m’ont proposé de venir participer à leur confection. Ce que j’aime à la Graille, c’est de sentir qu’on est traités sur le même pied d’égalité. On est sur une ligne horizontale. Tu rentres comme tu veux avec ce que tu es.

 J’aime aussi la bonne ambiance et le fait de ne pas être stressé. J’en parle beaucoup autour de moi. J’ai fait découvrir à des personnes très isolées cette association. Elle m’a permis de résoudre beaucoup de mes problèmes. Avant je voyais un psychologue. Maintenant je n’en ai plus besoin. 

Le témoignage de Virginie, bénévole elle aussi

Je suis assistante maternelle. J’adore cuisiner et c’est plus fort que moi, il y en a toujours pour d’autres. Sur internet, j’ai découvert Le Mouvement pour Eux. C’est un mouvement qui pendant le confinement cuisinait pour d’autres. Je cuisinais donc pour 4 ou 5 personnes. J’ai donc ensuite continué avec la Graille qui est la suite du Mouvement pour Eux. 

Je récupère avec eux maintenant les invendus.  De temps en temps, je passe au local accrocher le linge. Ah oui, je récupère aussi les bocaux ! 

Moi ce que j’aime, c’est aider les gens. Je pense qu’avoir à manger c’est essentiel. Je déteste le gaspillage. D’ailleurs chez moi, j’ai toujours quelque chose à offrir. Pour beaucoup de gens, c’est au gouvernement de s’occuper des problèmes de précarité. Mais en même temps quand je demande des bocaux, tout le monde m’en donne. J’aime La Graille car on ne se prend pas la tête. Il n’y a pas de papiers à signer et tout le tralala …

“Il n’y a pas de papiers à signer et tout le tralala…”

Le témoignage de Caroline, bénévole

J’ai 15 ans, je suis lycéenne. Je suis bénévole à La Graille depuis le début. On a commencé par récupérer les invendus, puis à les cuisiner. Ce que j’aime moi, c’est aider les gens. C’est ça qui a du sens pour moi. 

A la Graille, j’ai tout de suite eu ma place. J’ai pu m’exprimer. Grâce au bénévolat, j’ai pu aussi apprendre beaucoup sur moi. J’étais au lycée général, maintenant j’ai pu concrétiser mon projet professionnel.

“A la Graille…on t’accepte tel que tu es. C’est horizontal. il n’y a pas de hiérarchie.”

A la Graille, contrairement à beaucoup d’autres associations, on t’accepte tel que tu es. C’est horizontal. Il n’y a pas de hiérarchie. Pour moi, tout le monde devrait faire du bénévolat.

Le témoignage de Yasmina, bénévole de l’association

“J’ai rencontré deux jeunes migrants, à la rue, qui sont venus cuisiner avec nous.”

Je suis bénévole à la Graille depuis 7 mois et à côté de cela, je suis éducatrice et j’ai 25 ans. Je viens 3 fois par semaine à la Graille mais cela dépend aussi de mes disponibilités. 

Ce qui m’intéresse, c’est : comment rendre visibles ces gens invisibles ? Ce qui m’anime est la possibilité de rencontrer des gens et des parcours de vie. 

J’ai aussi envie d’une société plus juste. Cela me touche plus particulièrement, car j’ai été moi-même rejetée. Forcément, cela fait des liens avec ce que je fais aujourd’hui. Je suis touchée par les gens qui s’insèrent et qui reçoivent de la considération.

A la Graille, j’ai été touchée par la rencontre de personnes en grande difficulté. J’ai pris aussi conscience qu’on pouvait se contenter de ce que l’on a et de la réalité de l’autre. Par exemple, j’ai rencontré deux jeunes migrants, à la rue, qui sont venus cuisiner avec nous. Cela me rend heureuse de voir des gens valorisés et considérés par le simple fait de cuisiner. Cela crée aussi des réseaux de solidarité. Je trouve cette action très noble et je souhaite que chacun puisse, à travers ce bénévolat, vivre sa part d’humanité. Les gens sont sensibles à la fois à cette lutte contre le gaspillage conjugué à la lutte contre la précarité. 

On est libre de partir. Il n’y a pas de cadre et c’est vrai, il faut aussi se sentir à l’aise avec ce manque de cadre, qui peut-être, ne correspond pas à tout le monde. Cela peut parfois surprendre. Quand on vient à la Graille, on ne fait pas d’entretien pour devenir bénévole. On est directement dans l’action.